Aujourd'hui j'ai envie de parler de la justice, mais ce faisant je m'apprête à regarder attentivement où je mets les pieds, car, scientifique de formation, je dois avouer une certaine ignorance en la matière. Les juristes vont me lapider, mais tant pis !
Ce qui choque avant tout la rationnelle que j'essaie d'être, c'est l'arbitraire complet tant des lois, règlements, décrets, etc. que des décisions de justice. Très longtemps, pour cette raison, j'ai eu un a priori défavorable à l'égard du droit et de ceux qui en faisaient profession. J'ai même longtemps cru que seuls les ratés se lançaient dans ce genre de carrière, même s'il est vrai que les ratés complets deviennent politiciens plutôt qu'avocats, préférant l'arbitraire du pouvoir exécutif à celui des autres pouvoirs.
Arbitraires et illégitimes les lois élaborées par le pouvoir législatif ou le gouvernement : il s'agit le plus souvent de rogner les libertés, d'ajouter de nouvelles taxes, de se substituer au privé et à la société civile, d'instaurer des obligations, tout cela pour complaire à une certaine clientèle aux dépens d'une autre (politique et élections obligent), ou pour augmenter le pouvoir des fonctionnaires et politichiens (quand on est le plus fort, on aurait tort de renoncer à la part du lion - en témoigne l'expansion continue de la pieuvre étatique depuis au moins un siècle).
Arbitraires et illégitimes également les décisions de justice, d'une part parce qu'elles appliquent des lois elles-mêmes arbitraires et illégitimes, d'autre part parce que les juges n'échappent pas à leurs propres préjugés - à commencer par le premier de tous, le préjugé étatique. Je suis abasourdie quand on me parle de la soi-disant "indépendance" de la justice. Qui paye les magistrats ? Ne sont-ils pas des fonctionnaires, payés par l'Etat ? De quelle indépendance s'agit-il ?
Que la justice se trompe, on peut l'admettre (on a vu l'affaire d'Outreau : des innocents envoyés en prison pendant des années) - c'est d'autant plus grave que les juges, comme les hommes politiques, sont irresponsables. Qu'elle soit indépendante, rien n'est moins sûr. Pour en revenir au thème principal de ce blog, on sait que parmi les courageux qui ont voulu quitter la Sécu, certains ont dû subir des procès iniques et honteux. Claude Reichman (l'homme aux vingt procès) a souvent parlé des "magistrats aux ordres", qui punissent les honnêtes gens et absolvent les délinquants (comme le disent à juste titre toutes les crapules :
j'ai confiance dans la justice de mon pays). Dans son livre "le Secret de la droite", Reichman raconte comment les magistrats français ont préféré violer le traité sur l'Union européenne que de désobéir à leur hiérarchie. Amer, il concluait :
C'est une terrible épreuve pour un citoyen de constater qu'il ne peut rien attendre de la justice de son pays pour faire reconnaître son droit. Et c'est l'épreuve que nous avons dû affronter pendant toute cette bataille (contre le "monopole" de la Sécu). S'il s'agissait d'un cas isolé, on pourrait invoquer un dysfonctionnement judiciaire accidentel, une malchance en quelque sorte. Mais l'expérience démontre qu'il s'agit bien d'une dérive généralisée de l'institution. Ne nous y trompons pas : de tous les scandales qui affectent le pays, celui-ci est sans aucun doute le plus grave. Car sans une justice en laquelle on puisse avoir confiance, il n'y a plus aucun frein à la violence et au crime.
Heureusement notre combat (contre le prétendu monopole de la prétendue Sécurité prétendument Sociale) a connu quelques succès depuis, et l'entrée de la sinistre SS dans les poubelles de l'histoire du collectivisme est bien entamée.
Il y a quelque temps j'écrivais sur le
blog de Maître Eolas qui critiquait un projet de loi anti-terroriste de nos socialistes de droite :
Je suis surprise que vous soyez surpris de l'action du législateur ! Pour nous libertarien(ne)s, il y a longtemps que la France est une "ripoublique" soviétique et que notre démocratie populaire est bel et bien une démocratie totalitaire. N'y manque que le goulag, mais je suis certaine qu'on y songe en haut lieu.
Certes, j'étais volontairement provocatrice et trolleuse (à défaut d'être une pétroleuse), et je me suis attirée la répartie suivante de Maître Eolas :
"Je ne suis pas surpris : je suis amer et en colère, lisez moi bien. De même, à lire vos propos, je ne suis pas surpris de ne pas être libertarien."
Je comprends qu'il n'ait garde de critiquer l'institution qui assure directement ou indirectement sa subsistance, au travers de l'avalanche de lois et de textes dont on nous abreuve chaque année, dont avocats et magistrats font leur miel. Mais à voir comment fonctionne la justice dans ce pays, je comprends mieux le sage conseil : "il vaut mieux un mauvais arrangement qu'un bon procès". Raison pour laquelle je m'abstiens pour le moment de faire un procès à mon employeur, qui lui aussi est "aux ordres". Dans un pays caporaliste, il ne fait pas bon essayer d'être libre.
Cependant j'ai du mal à comprendre l'amertume de Me Eolas : soit il accepte le droit tel que le fait le législateur, car il reconnaît sa légitimité (quand bien même le "produit" législatif serait un tissu d'absurdités, ce qu'il est souvent), soit il renonce à son métier. Il y a là une "contradiction performative", pour jouer les pédantes. C'est comme si un vendeur vous disait du mal de sa marchandise.
Quant à nous, libertarien(ne)s, nous avons la faiblesse de croire en la supériorité d'un
droit naturel, fondé sur la Raison, sur la seule légitimité des droits fondamentaux de l'homme, et l'absence de toute interaction étatique. L'arsenal législatif n'est d'aucune utilité, quant au pouvoir judiciaire, nous lui dénions toute légitimité dans sa forme actuelle : on n'a pas besoin de juges fonctionnaires, ni même de juges élus (comme le propose Reichman et comme cela se pratique dans beaucoup de pays un peu plus libres que notre Soviétie française).
Hélas je n'ai ni le temps ni les capacités d'exposer la conception libertarienne du droit - lisez Nozick ou Rothbard. Pour ce qui est de sa mise en pratique, à partir du cadre théorique du droit naturel, il s'agit d'une "loi" naturelle qui est conforme aux grands principes (liberté et propriété), mais qui ne repose pas forcément sur un arsenal de textes écrits. Révolutionnaire, cette conception ? A peine, elle est en fait très proche de la
Common Law des Anglo-saxons, qui préfère l'esprit du droit aux textes de lois, et ignore volontiers une loi qui n'est pas conforme aux principes. Mais je doute que nos endimanchés enherminés, préoccupés d'appliquer leur droit martien et de ne pas contrarier leur maître étatique, puissent comprendre cela...